Les droits des travailleurs sous pression dans le monde entier
La Confédération syndicale internationale (CSI) a publié son nouvel Indice mondial annuel des droits, évaluant la situation des droits des travailleurs dans 151 pays. Pour sa douzième édition, l’indice enregistre les résultats les plus préoccupants depuis sa création. Dans un contexte mondial marqué par des tensions croissantes et des reculs démocratiques, la défense des droits des travailleurs s’avère plus difficile que jamais.
Le pourcentage de travailleurs confrontés à un accès restreint, voire inexistant, à la justice a connu une hausse préoccupante, atteignant 72 % en 2025, contre 65 % l’année précédente. Parallèlement, les atteintes aux droits fondamentaux, notamment à la liberté d’expression et à la liberté syndicale, ont été recensées dans 45 % des pays, un niveau jamais enregistré depuis le début du suivi en 2014
Liberté syndicale
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En dépit de cette pression croissante sur les droits des travailleurs, les syndicats à travers le monde demeurent résolument mobilisés en faveur de conditions de travail justes et décentes, ainsi que de la liberté d’action collective. Ces chiffres alarmants soulignent plus que jamais la nécessité d’un engagement ferme de CNV Internationaal aux côtés de ses organisations partenaires.
Il est impératif que les travailleuses et travailleurs puissent continuer à s’organiser librement, à faire entendre leur voix collectivement et à être représentés par des syndicats indépendants, démocratiques et reconnus.

Chaque entreprise a la capacité d’agir en faveur du respect des droits fondamentaux au travail. Celles dont les chaînes d’approvisionnement s’étendent jusqu’aux pays producteurs ont, à cet égard, un rôle particulièrement stratégique à jouer. Il leur revient notamment d’intégrer explicitement le droit à la liberté syndicale dans leurs politiques de gestion des ressources humaines. Pourtant, force est de constater que nombre d’entre elles n’utilisent pas encore pleinement leur pouvoir d’influence en la matière.
L'Importance de cadres législatifs clairs
D’où l’importance de l’existence de cadres législatifs clairs et ambitieux, tels que la directive européenne sur le devoir de vigilance en matière de durabilité, afin de garantir des conditions de concurrence équitables à l’échelle mondiale.
Le commerce international génère des retombées positives pour les Pays-Bas, et offre aux entreprises néerlandaises l’opportunité de contribuer au développement économique et social dans d’autres régions du monde.
Cet engagement peut passer par le dialogue avec les fournisseurs sur la nécessité du respect de la liberté syndicale, ou par le soutien à des initiatives à fort impact social. Le programme Fair Impact propose à ce titre des ressources concrètes et des exemples inspirants.

L'état actuel des droits des travailleurs
Le droit de grève a été bafoué dans 87 % des pays, tandis que l’enregistrement légal des syndicats a été restreint dans 74 % d’entre eux. Dans 47 % des pays, des travailleuses et travailleurs, en particulier des syndicalistes, ont été arrêtés pour avoir défendu les droits sociaux et économiques de leurs collègues. Dans certains cas, ces atteintes ont été dramatiques, avec des assassinats recensés notamment en Afrique du Sud, en Colombie, au Guatemala et au Pérou.
L’Europe, traditionnellement perçue comme un bastion des droits sociaux, n’est pas épargnée par cette dégradation. Dans plus de la moitié des pays européens, l’accès à une protection juridique équitable est désormais compromis, voire inexistant. Par ailleurs, près de trois quarts des États du continent ont violé le droit fondamental de manifester pacifiquement.
Effets du travail syndical
L’indice mondial de la Confédération syndicale internationale (CSI) révèle qu’à travers le monde, l’engagement syndical demeure une activité à haut risque , parfois même mortelle. En août 2024, deux responsables syndicaux ont été assassinés au Pérou, après avoir reçu des menaces liées à leurs actions en faveur des droits des travailleurs. Au Guatemala, trois syndicalistes ont également perdu la vie au cours de l’année écoulée. Dans ces deux pays, les violences à l’encontre des militants syndicaux s’inscrivent dans une inquiétante régularité, sans que les autorités nationales n’apportent de réponse significative.
Par ailleurs, une tendance alarmante se dessine à l’échelle mondiale : l’entrave systématique à l’activité syndicale par des régimes autoritaires ou militarisés. Au Niger, la transition politique sous les autorités militaires a entraîné des restrictions notables qui affectent le fonctionnement autonome du mouvement syndical.
Le droit à une représentation indépendante et équitable des travailleurs a été gravement compromis, notamment à travers la publication d’une liste de syndicats éligibles aux subventions publiques. Une mesure qui, au-delà de fragiliser financièrement les syndicats, remet en cause leur autonomie et leur légitimité.
Victoire en Indonésie
En Indonésie, la liberté syndicale et les droits des travailleurs font également l’objet de fortes pressions, notamment en raison de la loi controversée sur la création d’emplois, plus connue sous le nom de « loi Omnibus ».
Toutefois, l’année 2024 a marqué une avancée significative pour le mouvement syndical indonésien. À la suite d’un recours en justice déposé par les syndicats KSPI et KSBSI, et après plusieurs années de mobilisation soutenue, la Cour constitutionnelle a partiellement annulé la loi, la jugeant inconstitutionnelle.
Le gouvernement est désormais tenu de proposer un nouveau cadre législatif en matière de droit du travail. Cette révision suscite l’espoir d’une amélioration durable des conditions de travail en Indonésie.
Pour en savoir plus sur la loi omnibus, cliquez ici >
Date de publication 19 06 2025